Qui n’a jamais entendu quelqu’un demander « tu as le statut de cadre ? ». Drôle de question pourtant assez fréquente dans le monde du travail, quel que soit le secteur d’activité. Le marché de l’emploi cadre en France connaît une croissance exponentielle depuis plusieurs années, notamment en raison des nouveaux métiers qui ne cessent d’être créés. Mais qu’en est-il de ce célèbre statut ? Un petit point s’impose.
Le statut cadre et ses particularités pour les salariés
En France, en fonction du niveau de diplôme que l’on possède, on peut prétendre au statut cadre lors d’une embauche. En revanche, aucun texte officiel ne le définit clairement, il est alors difficile de savoir de quoi il s’agit. La seule chose commune à tous les salariés ayant ce statut est qu’ils ont des responsabilités liées à la stratégie de leur entreprise.
Des horaires de travail aménagés
La loi Aubry 2, créée en 2000, a instauré un système de forfait destiné aux cadres. L’objectif étant de compenser les heures supplémentaires non rémunérées en leur attribuant des jours de récupération supplémentaires. Cependant, cela dépend des conventions collectives et peut induire un nombre diminué de RTT comparé aux autres salariés. Pour connaître les conditions de votre contrat cadre, posez la question à votre service Ressources Humaines ou à votre responsable.
Une cotisation à la retraite différente
Tout salarié cotise auprès de caisses de retraite permettant de percevoir une pension lorsque sera venu le temps de raccrocher le bleu de travail ou le costume (ou tout autre tenue représentative d’un métier ;)). Concernant les salariés ayant un statut de cadre, ils cotisent à l’Agirc-Arcco. Le taux de cotisation des cadres est plus élevé que les autres salariés, ils toucheront donc une pension de retraite plus élevée le moment venu.
Une période d’essai et un délai de préavis plus longs
En dehors de l’aspect financier qu’offre le statut cadre, il est toujours bon de rappeler que les choses changent juridiquement. En effet, en passant cadre, la période d’essai dure 4 mois, contre 3 ou 2 mois pour les autres statuts. Quant à la durée du préavis, elle est triplée, passant de 1 à 3 mois. En cas de licenciement, cette période peut être un soulagement mais en cas de démission, cela peut sembler très long et compliqué à gérer…
Un régime de prévoyance spécifique pour les salariés cadres
Afin de protéger leurs salariés, les employeurs doivent respecter la convention collective dont ils dépendent. Souvent, elle impose le versement d’une cotisation pour assurer une couverture en cas de décès mais seulement aux salariés cadres.
Un accompagnement spécifique en cas de chômage
Si vous vous retrouvez au chômage, vous pouvez bénéficier d’un suivi personnalisé de la part de l’Apec. Vous accédez à des ateliers vous permettant de créer un CV efficace, une lettre de motivation ou encore de réussir vos entretiens d’embauche.
Le statut de cadre est-il obsolète ?
D’après Denis Monneuse, sociologue et auteur du livre Le silence des cadres. Enquête sur un malaise, depuis les années 80, le nombre de salariés ayant ce statut a doublé. Pour lui, « être cadre a ainsi beaucoup moins de sens aujourd’hui ». Et on peut le comprendre quand on sait que certaines entreprises proposent ce statut à leurs équipes dans l’unique but de les passer au forfait jour. Pour autant, ils n’ont pas les responsabilités attendues, ni le pouvoir et l’autonomie qui définissent historiquement le statut.
Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que ces salariés sont davantage attachés à la valeur symbolique renvoyée par le statut plutôt que ce qu’il implique. D’après une récente étude réalisée par l’IFOP, 77% des cadres considèrent qu’une différence entre cadre et non-cadre persiste au sein de leur entreprise.
On ne peut donc pas parler d’obsolescence de ce statut mais plutôt d’une redéfinition, de changements qui modifient considérablement le sens premier qui lui était donné. A ce sujet, les syndicats ont lancé une négociation pour le redéfinir. Les réunions qui ont eu lieues début 2018 semblent ne pas avoir abouti à un accord. Affaire à suivre…
Quel emploi pour un salarié cadre ?
Contrairement à ce que nous pouvons croire, les managers d’une entreprise ne sont pas automatiquement cadres. Cela dépend de la politique interne, des conventions collectives et des profils des salariés. Idem, le niveau de diplôme n’est pas obligatoirement un argument ; ce n’est pas parce que vous possédez un Bac+5 que vous obtiendrez automatiquement un poste cadre. Il faut avant tout faire ses preuves car ce statut se mérite ! Il n’est pas anodin pour vous mais également pour votre employeur.
Comment décrocher un emploi au statut cadre ?
Cette information peut déjà figurer sur les offres d’emploi que vous consultez. Si elle est manquante, vous pouvez poser la question au recruteur lors de votre entretiens d’embauche. Si vous justifiez d’une solide expérience professionnelle et que vous remplissez toutes les cases, il n’y a pas de raisons légitimes pour vous refuser ce statut.
A savoir : certains métiers sont particulièrement recherchés par les salariés cadres. Il s’agit notamment des postes de manager, de responsable ou directeur de service. Tous les secteurs d’activité sont concernés ; de l’industrie à la grande distribution en passant par le BTP et le Transport.
En France, il existe neuf types de salariés cadres distincts
Pour définir les personnes qui ont des responsabilités et qui bénéficient des avantages cités précédemment, on parle du statut de cadre. En revanche, ce que nous sommes nombreux à ignorer, c’est qu’il existe neuf types de statuts cadres différents.
LES CADRES DIRIGEANTS
D’après l’Apec, ils représentent 5% de l’effectif cadre. Ils sont en haut de l’échelle du statut cadre et perçoivent des rémunérations plus élevées que les autres salariés.
LES CADRES SUPÉRIEURS
Ils encadrent des collaborateurs qui eux aussi ont ce statut. Ils sont considérés comme des managers de haut niveau et ont une qualification élevée. Ce sont souvent les représentants des entreprises lors de déplacements internationaux.
LES CADRES EXPERTS
Ils ont la particularité d’alterner entre statut de salarié et de prestataires de service, notamment parce qu’ils maîtrisent leurs métiers et qu’ils sont ultraspécialisés.
LES CADRES MANAGERS
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, tous les managers ne le sont pas. En revanche, ceux qui le sont, ont des missions de management importantes.
LES CHEFS DE PROJET
Ils sont les coordinateurs entre les équipes et interviennent lors de missions ponctuelles. Ils se chargent des relations avec les prestataires extérieurs, les intervenants ou les partenaires.
LES CADRES TECHNIQUES
Souvent considérés comme des ingénieurs, ils sont spécialisés dans des métiers particuliers et n’ont pas de rôle de direction.
LES CADRES FONCTIONNELS
Ils sont chargés de toutes les fonctions support (RH, contrôle de gestion, communication…) et ont des responsabilités importantes, notamment juridiques et financières. Les cadres commerciaux sont régulièrement en déplacement et ont un niveau de qualification inférieur à la moyenne des salariés cadres.
LES ASSIMILÉS CADRES
Ces salariés particuliers travaillent à des horaires fixes. Ils occupent des postes très variés et concernent des agents de maîtrise ou des techniciens. En revanche, ils cotisent au régime de retraite complémentaire des cadres.
Finalement, la principale différence entre ces neufs statuts propres à l’emploi cadre réside dans les responsabilités endossées. Lorsqu’un employeur propose à un salarié de changer de statut, il s’agit d’une sorte de promotion. Cela prouve que vous avez les capacités nécessaires pour prendre des décisions importantes. En revanche, cette proposition doit être acceptée ou refusée en toute connaissance car elle peut impliquer des changements.
L’emploi cadre continue son développement en France
Selon le dernier baromètre trimestriel de l’Apec réalisé à partir d’un panel de 750 entreprises du secteur privé, 6 sociétés sur 10 en ont recruté au moins au cours des 4 premiers mois de l’année 2018. Pour le second trimestre à venir, 59% des entreprises envisagent de recruter au moins un cadre supérieur tandis que 74% sont convaincues de le faire.
DES PROFILS DIPLÔMÉS MAIS AYANT PEU D’EXPÉRIENCES PROFESSIONNELLES
Concernant le profil recherché, 91% des entreprises interrogées ciblent des cadres ayant 5 à 10 ans d’expérience et 81% ayant 1 à 5 ans d’expérience. Les métiers de l’ingénierie, de la recherche et du développement ou encore de l’informatique sont principalement concernés par les prévisions de recrutement. Au total, près de 60% des recrutements prévus en 2018 seraient pour des profils de 1 à 10 ans d’expérience. Il semblerait donc que le nombre d’années d’expérience n’ait pas plus d’importance que le niveau scolaire.
LE RECRUTEMENT DE CADRES CONCERNE TOUS LES SECTEURS D’ACTIVITÉ ET TOUTES LES RÉGIONS FRANÇAISES
Toujours d’après une enquête réalisée par l’APEC, les entreprises prévoient d’en recruter entre 248 000 à 271 000, particulièrement dans les secteurs des services, de l’informatique et de la télécommunication, de l’ingénierie-R&D ou encore dans les activités juridiques et comptables. Quant au secteur de l’industrie, il est également concerné, notamment dans les métiers de la mécanique-métallurgie et des équipements électroniques pour lesquels les prévisions d’embauches sont très élevées. L’emploi cadre est en pleine émergence en raison des nouveaux métiers et champs d’expertise qui arrivent, souvent liés à la transformation numérique que doivent opérer la grande majorité des sociétés françaises pour répondre aux exigences de leurs clients et utilisateurs.
L’ensemble des régions françaises sont concernées, allant des Pays de la Loire à la Corse, en passant par la Bretagne et la région Auvergne-Rhône-Alpes. En 2018, c’est l’ensemble de notre pays qui prévoit de redynamiser l’économie en recrutant des professionnels de l’emploi cadre.
DES COMPÉTENCES À APPRENDRE AU QUOTIDIEN
Ils doivent maîtriser de nouvelles compétences, notamment transverses. Par exemple, on ne demande plus d’être expert dans un domaine précis, mais d’être capable d’appréhender les impacts des nouvelles réglementations et de poser les bonnes questions aux interlocuteurs dédiés. Cela concerne la maîtrise des outils digitaux, de la modélisation et du traitement des données, la gestion de projets, ou encore la démarche RSE.
Pourquoi les acteurs de l’emploi cadre sont très rarement en grève ?
D’après le sociologue Denis Meonneuse, auteur d’une étude sur Le silence des cadres – enquête sur un malaise, ces salariés font grève 0,8 seconde par an en moyenne ! Cette spécificité est due à la culture du statut qui, créée après la Seconde Guerre mondiale, avait pour but de les distinguer des ouvriers. Parce qu’ils étaient en relation avec la direction de leurs entreprises, ils avaient moins de raisons de faire grève. Même si les mentalités ont évolué, l’emploi cadre compte très peu de grévistes, notamment dans les sociétés du secteur privé. Ainsi, pour manifester leur mécontentement et faire leur revendication, ils profitent des entretiens annuels avec leurs supérieurs.